2017 est une année que Future a marqué de son empreinte en plaçant en février dernier ses deux nouveaux albums sortis coup sur coup, FUTURE et HNDRXX, en tête du Billboard 200 durant deux semaines consécutives. Une performance qu’aucun rappeur n’avait réalisé avant lui. Le MC d’Atlanta a par ailleurs été porté par le succès mainstream de « Mask Off ». Son retour en France le 17 octobre au Zénith de Paris était donc attendu.
En guise d’apéritif, la première partie fut assurée par Zoey Dollaz – membre du label Free Bandz fondé par Future -, Stefflon Don, queen en devenir du Rap UK, et surtout Rich the Kid, l’OVNI tout droit venu du Queens, dont la prestation allait être particulièrement scrutée. Si Zoey Dollaz ouvrait les hostilités avec énergie et en séduisant particulièrement la foule grâce à son banger «Post and Delete », en featuring avec Chris Brown, c’est bien Stefflon Don qui fit forte impression. La jeune femme, à la croisée entre Lil Kim et Nicki Minaj, exposa son flow rageur et termina son set en beauté par le combo « Hurtin Me’ » avec French Montana et « 16 Shots », ses deux plus gros succés à ce jour. Quelques minutes plus tard, accompagné de son homy Jay Critch, Rich the Kid fit son apparition, en performeur rompu à l’ambiance des grandes salles, et réalisa une prestation somme toute assez rapide, caractérisée par une présence scénique intéressante mais minimaliste. Le public ne bouda toutefois pas son plaisir au moment où le compère de Famous Dex lança le live de « New Freezer », son nouveau hit (brûlant!) avec Kendrick Lamar, qui mettait tous les indicateurs au vert : la salle était fin prête à accueillir Mr Future Hendrix.
C’est à 22h que Future se présenta sur la scène du Zénith par l’intermédiaire du titre « Draco ». Professionnel, expérimenté, l’Atlantien démontra qu’il maîtrisait les rudiments du live à la perfection. Le premier grain de folie intervint grâce au tiercé gagnant « Bugatti »- « Same Damn Time »- « Move that dope », où le public explosa littéralement à l’écoute des premières notes du hit avec Ace Hood. Bien aidé par 4 danseurs de qualité, Future fit progressivement monter la température et marqua une seconde fois les esprits avec les enivrantes reprises de « Blasé » de Ty Dolla Sign et surtout du monstrueux « New Level » d’Asap Ferg qui souleva la foule du Zénith. Mais Future sut également gérer les moments plus posés de son show. En ce sens, des morceaux comme « Low Life » et « Comin’ out strong », en collaboration avec The Weeknd, ou encore le planant « My Savages » sont particulièrement bien négociés. Après cette parenthèse plus douce, c’est l’interstellaire « Jumpman » (feat Drake) qui s’abattit telle la foudre sur une foule en délire. S’ensuivit une période sans le moindre temps mort où les plus gros bangers de Future s’enchaînairent à la vitesse de l’éclair, de « Wicked » jusqu’au terrible « Fuck Up Some Commas » – qui s’affirme définitivement comme le son référence pour le turn-up-, en passant par le délicieux « Used to This » (toujours en feat avec Drizzy). Plus le temps de souffler ! Le fondateur de Free Bandz poursuivit sans surprise par son tube phare (à base de molly et de percocet entre autres), repris comme un seul homme par un Zénith qui n’attendait que de s’époumoner sur le refrain de « Mask Off ». L’engouement autour du hit confirme un secret de polichinelle : « Mask Off » est d’ores et déjà l’un des titres les plus éminents de ces 5 dernières années dans la catégorie Rap US. Pour notre plus grand plaisir, Future termina par un rappel avec le grandiose « Relationship » en feat avec Young Thug, concluant un concert plein de maîtrise.
Problème : il n’est que 23h et Future est déjà reparti en loges, laissant pour beaucoup un sentiment d’inachevé. Le trapking d’A.T.L n’est pas venu pour faire de vieux os à Paris, et on aurait effectivement pu espérer un show un peu plus dense pour un artiste qui compte près de 6 albums studios et un nombre incalculable de mixtapes et de collaborations. Par ailleurs, le fait que les titres de l’album « HNDRXX » aient été délaissés pour son « HNDRXX Tour » (quid des « PIE », « Fresh Air », « You Da Baddest » ?…) est également assez surprenant et nous laisse un peu sur notre faim. Notons également une sortie de scène plutôt expéditive, avec un « Free Bandz » scandé et un timide « Thank you Paris » avant le définitif retour au vestiaire de l’auteur de « Pluto ». Difficile pourtant d’en vouloir à Future, dont on doit reconnaître la performance vocale et artistique puisqu’il ne s’est pas réfugié derrière quelque forme de playback ou de bande-son pré-enregistrée. C’est en définitive un show à l’image du personnage, tout en flegme et en professionnalisme, sans fioritures.
Marco Ferri