Après avoir amené une nouvelle vibe dans le rap français avec une trap directement inspirée de MCs d’Atlanta comme Skippa da Flippa, le rappeur du 91 a opéré une mue depuis le titre Mustapha Jefferson et le carton Sapés comme jamais. Il élargit ainsi sa palette avec des sonorités plus fruitées en revenant à ses racines congolaises. Son album Commando s’inscrit dans une lignée afrotrap qui sied parfaitement à son énergie et son sens de la gimmick. Le succès phénoménal du titre Réseaux fait entrer définitivement Niska dans une nouvelle dimension. 11 semaines en tête des charts pour le single. Porté par ce hit, l’album Commando déploie ses ailes comme un charo au sommet du top IFOP pendant 4 semaines. Qu’est ce que ce ce cocktail street et “zumba” va donner sur sur scène ? Vos serviteurs, AD à la rédac et Dada à la photo se sont dévoués pour vous faire vivre par les mots et les images cette soirée de folie à l’Aeronef.

C’est dans une atmosphère bouillante que le rappeur d’Evry s’apprete à donner son concert, l’un des plus attendus de sa tournée. L’Aeronef offre une belle configuration avec une énorme fosse propice aux pogos. Idoine pour un artiste adepte des gros bangers et pratique pour un public qui n’attend qu’à se déhancher sur ses morceaux un peu plus dansants. Dans la foule, énormément de jeunes mais aussi un peu d’enfants, des papas et quelques mamies. Pas d’âge pour la charolife. Tout ce beau monde est ambiancé par la première partie animée par Fianss et Theezy. Dans un registre différent, le duo, habitué des premières parties de grands noms comme Disiz, Seth Gueko ou RimK, affiche une belle énergie. La fin de leur show suscite les applaudissements mais le public n’attend plus qu’une chose : Niska.

Pendant cette attente un décor militaire se dévoile sur la scène. Un décor qui fait écho à la cover de son album sur laquelle il pose en mode GI Joe du bendo. Des cuirassés sous camouflage militaire mais aussi l’emblème Charo au centre de la scène derrière lequel se trouve la table de mixage du DJ. Les lumières s’éteignent, un son de marche militaire se fait entendre tandis que Niska débarque sous les acclamations du public. Epaulé par son poto Skaodi qui fait les backs, il ouvre la marche avec le morceau Commando. Il joue ses basiques, notamment Gros Bonnets, Charlie Delta et Allô Maitre Simonard, une ode à son avocat. Le public s’enjaille, porté par les grosses basses de ces bangers. Le talentueux réalisateur William Thomas est présent sur scène pour capturer la prestation scénique du rappeur. D’abord flegmatique, le rappeur du 9.1 commence peu à peu à se lâcher et cale des pas de sa fameuse danse du charo.

La premiere étape du show se termine et Niska s’absente quelques instants. DJ Titaï lance en interlude un mix logobi qui met en transe le public. Le rappeur et son compère sont, vêtus d’un ensemble imprimé tropical. En plus de faire l’étalage de la collection printemps de sa marque Charo, ce changement de tenue annonce une nouvelle étape du show avec des sons fruités, aux sonorités afro. Le public s’egosille sur le son Snapchat, casse les reins sur le dansant Mustapha Jefferson et finit en sueur sur la chorégraphie très sportive de B.O.C (Batards Ont Couru). Alors qu’on le disait en froid avec Maitre Gims après qu’il ait liké un post de Booba le clashant, la question était de savoir s’il chanterait leurs morceaux en commun. Niska met un toz aux rumeurs en jouant le tube qui l’a fait connaitre Sapés Comme Jamais ainsi que Elle avait son Djo, pour le grand plaisir du public. Pas de jaloux, il jouera aussi Tuba Life, son feat avec le Duc de Boulogne, invité sur scène lors de son concert au Zénith de Paris. Apres cette étape d’enjaillement le DJ met le feu au public en lancant Macarena de Damso , tandis que s’ensuit une nouvelle éclipse de l’artiste-vedette.

Il revient seul, habillé en patuf (style “prêt-à-taper-un-foot”) et se pose tranquillement pour jouer le personnel morceau Ochoa dans lequel il big up le local de l’étape Gradur: “je remercie le ciel encore, il reste des bons hommes comme Gradur”. C’est dans cette même posture qu’il chante le romantique Amour X où il déclare sa flamme à son arme à feu en la présentant sous les traits d’une femme. Alors que l’on avait pu assister à un couac devenu viral sur l’une des précédentes dates, l’autotune est cette fois ci parfaitement gerée par un DJ Titaï hyper réactif. Niska peut ainsi se laisser aller en toute assurance à quelques vocalises sur ces morceaux plutot doux. Après cette séquence, le rappeur monte en puissance et est rejoint par Skaodi pour leur titre Favelas. Après d’autres titres de la même veine Niska commence à fredonner : “skuuu”. “Pouloulou” répondra le public comme un seul homme. L’enjaillement est total. Mais alors qu’on approche du premier couplet, subite coupure de Réseaux. Deception de courte durée puisque DJ Titaï lance à la place le non moins légendaire Matuidi Charo.

A l’issue de cet hymne, Niska tease une surprise de taille. Le suspens s’arrete dans une ovation lorsqu’il annonce que son album est quatre fois platine en amenant l’étincelant trophée. Cette surprise est double puisque Gradur le rejoint sur scène pour saluer le public. Elle est finalement triple. Le rappeur “certifié platinum” annonce que quelqu’un du public repartira avec son quadruple platine. Le rappeur nordiste se charge lui même du tirage au sort en pointant son laser sur la foule. C’est un dénommé Jules qui remportera le gros lot et aura même le privilège de monter sur scène pour le reste du concert. La soirée se termine en apothéose pour le public lorsqu’est lancé le très attendu Réseaux. Sur scène avec son équipe, Gradur, et le chanceux Jules, Niska achève en beauté un spectacle de qualité à l’Aeronef.

Un grand merci à Abdoulbar et David (respectivement pour la rédaction et les photos de l’article) et à l’Aeronef pour leur support et leur aimable invitation.