Le Free Music Festival et son vent de liberté estival prend pied depuis quelques années au lac de Montendre pour le plus grand bonheur de chacun. Alors qu’il avait commencé 18 ans avant dans une petite salle des fêtes de la même ville, victime de son succès, il a vu son périmètre s’étendre et sa programmation s’emplir.
Pour y aller, rien de plus simple. Il suffit de se rendre à Bordeaux pour ensuite prendre un TER -pour la modique somme de 7 euros- qui vous mènera jusqu’à Montendre, the place to be. Attendez-vous à un train chargé, ou plutôt bondé de festivaliers. N’est-ce pas une vue qui ravit l’œil que celle des wagons dégueulant de tentes et d’affaires, où le contrôleur, débordé, passe en ne contrôlant aucun billet ?
Arrivé au bout d’une heure dans la petite ville de Montendre, il vous reste à faire les courses avant de rejoindre le festival. Que ce soit au tabac ou au supermarché, la bonne humeur règne. Aux milieux des rayons, entre les sandwichs et les bières, les festivaliers, reconnaissables entre mille, vous donneront d’aimables conseils sur ce qui passe ou non la sécurité à l’entrée. En résumé ; canette et alcool mais pas dans leurs bouteilles en verre, il vous faudra vous départir du flacon pour ne garder que l’ivresse.
Une fois les courses faites, direction le site du festival, qui s’étend sur plusieurs hectares de verdures. Trois petits kilomètres, à faire à pied ou en navette séparent la 1ère entrée de la seconde où les sacs sont fouillés et les tickets contrôlés. Une fois passé la longue file d’attente, une fois déodorant et crème solaire en spray jetés par la sécurité (le staff veut des festivaliers rouges et puants, oui oui), il ne reste plus qu’à monter la tente avant de pouvoir profiter peinard du festival.
Dans le camping, le voisinage s’entraide. N’aie pas peur de galérer à monter ta tente, un grand brun baraqué viendra vite t’aider. Partout résonne le même cris « Apéééééro ». En discutant avec les gens d’à côté, on se rend vite compte que la faune n’est pas nordiste, elle n’est pas chti mais véritablement de la région. Le petit accent chantant du Sud-Ouest domine. Si bien que dire que tu n’es pas d’ici te ferait presque passer pour un ovni ; « Ah bon ? Paris ? Mais qu’est-ce que tu fous là ? ».
Après avoir pris ses repères et fait connaissance, le festival peut enfin commencer. Dans un cadre exceptionnel, entre forêt de pins et lac, s’élèvent deux scènes sur lesquelles les concerts s’alterneront. Pas de panique donc, celui qui ne veut louper aucun concert n’en loupera aucun. Pour la programmation, c’est une bonne dose de reggae, mariée à de nombreux rappeurs francophones, tout cela pimenté d’un brin d’électro et de trans pour finir en beauté les soirées.
De la 1ère journée, on retiendra surtout trois performances à l’image de la programmation, une rap, une reggae et une trans.
Celle qui véritablement vous plonge dans le bain, vous inonde d’ondes positives et ne peut que vous mettre dans un bon état d’esprit pour la nuit à suivre, c’est la performance d’Alborosie. Pilier du reggae anglophone, artiste de longue date aux nombreux morceaux déjà classiques, celui dont les dreadlocks arrivent aux pieds nous a fait cadeau d’un concert vibrant. Quasiment en transe avec le public, c’était le live qui faisait plaiz à voir, à entendre et à vivre.
Un peu moins glorieux fut le live de Niska. Rappeur pourtant bien attendu. Entre playback et selfie, on ne pouvait qu’être que déçu de lui, campé sur scène, derrière un aigle déployant ses ailes de charo, non sans rappeler le thème militaire de son dernier album commando. Heureusement, le public était au rendez-vous, égaillant le live au son mal réglé de chaleureux pogos.
Mais s’il fallait retenir une prestation bluffante pour la journée, ce serait la dernière, celle d’Highlight Tribe, groupe de natural trance que BrookLille a eu l’honneur d’interviewer. Ces bonhommes dont la moyenne d’âge doit tirer vers la cinquantaine n’ont de leçon à recevoir d’aucun petit jeune. Arrivés sur scène une fois leurs instruments installés (et croyez-moi il devait y en avoir une bonne vingtaine) ils ont su faire don au public d’un show magistral. Maniant chaque instrument à la perfection, leur live ressemblait presque à une sorte d’orchestre symphonique complexe qui réussit à faire taper du pied une foule de milliers de personnes. Les sonorités de tout horizon se mariant encore une fois parfaitement au rythme trans qui leur est si particulier. Dernière prestation de la nuit, ils ont plus que dignement clôturer le bal.
Mais que dis-je ! Pensez-vous vraiment qu’un festival digne de ce nom se terminerait à 3h par un concert ? Evidemment que non. Pour les plus acharnés, pour ceux que la journée n’a pas encore achevé, il reste un mur de son qui crache jusqu’à l’aube, et qui reprend durant la matinée. Pas de répit pour les festivaliers. Sinon, pour les autres c’est l’heure de reposer son corps à même la bâche de la tente, ou bien de finir la soirée au camping, où l’apéro ne semble jamais vraiment finir.
Réveillé par les basses et la chaleur cuisante de la tente, le deuxième jour commence, et les courbatures tirent déjà les muscles. Marre des sandwichs pas frais et du savane trop chaud ? De nombreux stands de nourriture n’attendent que vos petits sous. Des frites aux aiguillettes de canard en passant par des jus de fruits frais, il y en a pour tous les goûts.
L’après-midi, en attendant le début des concerts, le mur de son crache toujours. Le Temple des Jeux se profile petit à petit. A ceux qui avaient peur de s’ennuyer, le festival propose de nombreuses animations ; foot, volley, pétanque. Pour les plus flemmards, le lac à l’eau fraîche mais terreuse s’étend paresseusement devant la foule allongée sur le sable.
Mais la détente, bien que dûment méritée n’est pas là pour durer la journée. Dès 16h les lives recommencent et s’enchaînent. Nous en retiendrons 3, dont le coup de cœur du festival, Moha La Squale.
Etoile montante du rap, encore inconnu il y a un an, ce loubard de la banane a surpris tout le monde. Celui qui semble tiraillé entre deux passions, deux scènes différentes, celle de l’acteur et celle du rappeur ne manque pas d’énergie. Face à un album où à la longue, tous les tracks semblent se ressembler, on ne savait pas à quoi s’attendre en le voyant monter sur scène. Il y débarque comme une balle, en trombe, la tête baissée, à l’image d’un taureau forcené qui fonce sur son ennemi. Il enchaîne les sons, sourire aux lèvres, joint à la main et majeur levé quand entre ses lèvres le mot police apparaît. Sa bonne humeur se transmet vite au public qui ne se lasse pas de l’acclamer. Son énergie est impressionnante, s’il commence le concert sur la scène, il le finit dans la foule, sur les épaules d’un gars de la sécurité. Plus surprenant encore, ses deux passions se lisent sur son visage. Plus que rapper, il joue les émotions dont il parle, et son faciès se déforme à chaque nouvelle phase. Un jeu de scène comme on en a rarement vu, entre rap et théâtre. La classe même en survêt’, il paraît alors impossible de nier, le voyant là, que ce gosse n’est pas fait pour briller tant il monopolise l’énergie et la lumière du lieu.
Plus tard dans la soirée, alors que la nuit est déjà tombée, ce sont les deux compères belges qui prennent le relais. Caba et JJ, leur album double hélice 3 fraîchement sortis s’emparent de la scène et surtout du public. Les pogos s’enchaînent et rester en vie relève bientôt de la lutte de tout instant. Si l’énergie du public terrasse le premier tombé à terre, celle des deux rappeurs laisse à désirer. Ils chauffent le public et s’en vont, n’ayant fait aucun titre de leur dernier album.
La journée de lives est clôturée par Vitalic, artiste électro au style soigné. Jolie surprise, rien à redire à la musique. Mais c’est surtout l’artiste qui soigne le plus son jeu de scène. Derrière lui, un jeu de lumière sublime se met en place. Des spots de toutes les couleurs dansent dans la nuit noire. Des carrés lumineux s’imbriquent les uns dans les autres, c’est un spectacle pour les yeux autant que pour les oreilles.
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Vous avez maintenant l’eau à la bouche et ne rêvez que d’une chose, que l’été prochain arrive et avec lui toutes les line up des festochs qui le parsèment ? Eh bien si le Free Music Festival fait partie de votre liste, et je vous le conseille, voici une liste non exhaustive des choses à mettre dans son sac avant de partir, parce qu’un festoch c’est toujours mieux équipé et en équipe.
Une serviette, ça semble évident mais elle ne manque pas d’utilité dans ce festoch. Non seulement elle vous permettra de vous essuyer après un bon décrassage dans les douches, mais elle vous sera aussi de tout confort pour vous étendre sur la plage.
Un matelas gonflable, parce que, croyez-moi, dormir deux nuits sur le sol c’est pas très cool. Vous pouvez éventuellement acheter un matelas plastique pour aller dans la piscine, certainement moins cher qu’un véritable matelas gonflable mais qui vous permettra de mieux dormir et de flotter agréablement sur le lac.
Un foulard. Non pas pour habiller votre gracieux cou ou pour nouer vos soyeux cheveux mais plutôt pour résister à la poussière qui lors des concerts vous attaquera méchamment le nez, les yeux et la bouche. On se met en mode black block c’est parti !
Préférez les canettes de bières aux autres flacons. Deux avantages, tant que l’alcool n’est pas dans un récipient en verre la sécurité laissera tout passer, laissez les beaux flacons, n’emportez que l’ivresse. Autre avantage ; celles-ci gardent la fraîcheur plus efficacement que toute bouteille plastique.
Lunettes de soleil et crème solaire pour faire face à la chaleur du Sud-Ouest sans finir aussi rouge que ton pote qui s’étouffe après 3 barres sur un pur. Attention ; crème solaire et déodorant ne sont pas acceptés en spray.
Une lampe de poche, toujours utile pour chercher ses potes dans le camping ou de la bouffe dans la tente en pleine nuit.
📝 Juliette Gomez