NTM, Skyrock, Disiz… Retour sur les anecdotes d’ « Une histoire du rap en France », de Karim Hammou

Une histoire du rap en France, étude sociologique de Karim Hammou, retrace le parcours d’un art né dans les années 1980. Au fil d’un ouvrage qui s’attache à décortiquer les enjeux d’une discipline désormais populaire, l’auteur distille quelques anecdotes aussi didactiques que passionnantes. Sélection des plus savoureuses.

Le Nord Transmet le Message…

 Signés chez CBS Records depuis 1990, NTM, groupe composé de Joey Starr et Kool Shen, dispose alors d’une réelle autonomie artistique. Rapidement des changements s’opèrent, le label des deux artistes connaît une importante transformation en 1991. Celle-ci est marquée par un changement d’équipe provenant de l’émergence de Sony Music Entertainment, qui prendra une place majeure dans la structure. Ce bouleversement s’accompagne d’une volonté de contrôle croissant sur le duo composé par Didier Morville (JoeyStarr) et Bruno Lopes (Kool Shen).

Le désaccord le plus significatif se cristallise autour du nom du groupe, originellement associé à « Nique Ta Mère », l’acronyme NTM est remis en question par le label au profit d’un non moins efficace « le Nord Transmet le Message »…. Forts de leur image déjà emblématique, les deux légendes du rap français conserveront leur identité, qu’ils arborent encore aujourd’hui à l’aube de leur ultime tournée.

« Fun ne voulait pas qu’on dise le mot « rap » à l’antenne parce que « rap », c’était « premier sur le rap », on savait qui c’était. « Rap » ça appartenait à Skyrock. Mais par contre, on pouvait dire « groove ». Donc moi je me suis barré. » Disiz la Peste.

La naissance de Skyrock en tant que radio rap…

 Au début des années 1990, trois radios « commerciales jeunes », diffusant très peu de rap, dominent le marché : NRJ, Fun Radio et Skyrock. Face à la chute de la quantité de musiques françaises diffusées sur leurs antennes, le Syndicat National de l’Edition Phonographique manifeste son inquiétude. Après des discussions vaines avec les radios, cette crainte se solde par l’obtention de la loi Carignon votée en 1994. Celle-ci donne deux ans aux ondes pour diffuser un minimum de 40% de morceaux crées ou interprétés par des artistes français ou francophones. La moitié de ce pourcentage devait concerner de jeunes talents, de nouvelles créations.

D’abord opposées à cette loi, Skyrock, NRJ et Fun radio se retrouvent dans l’obligation de programmer de nouvelles productions, dont le rap est très prolifique. Cela pousse les trois poids lourds de la radio française à diffuser du rap francophone, style qu’elles n’affectionnent que très peu. Benny B, MC Solaar, IAM, Alliance Ethnik ou encore Doc Gynéco, produits quasi exclusivement en major (par opposition à label indépendant) débarquent sur des ondes qui ne prendront pas toutes la même direction. Skyrock choisit de se revendiquer « Premier sur le rap » dès 1996, alors que ses deux principaux adversaires se détachent de cet art dans les années suivantes.

L’année 1996 marque le début de l’émission « Planète rap », suivie par la création d’émissions entièrement menées et programmées par des figures du rap français dès 1997, telles que DJ Khéops de IAM, Stomy Bugsy issu du groupe Minister AMER ou encore JoeyStarr.

Ce slogan « Premier sur le rap » permettra à Skyrock d’être identifiée à cette musique, comme en témoigne une anecdote délivrée par Disiz la Peste. Celle-ci remonte à ses premiers succès dans les années 2000. Sorti en 2000, le titre « J’pète les plombs » lui ouvrira notamment les portes de Fun Radio : « Fun ne voulait pas qu’on dise le mot « rap » à l’antenne parce que « rap », c’était « premier sur le rap », on savait qui c’était. « Rap » ça appartenait à Skyrock. Mais par contre, on pouvait dire « groove ». Donc moi je me suis barré. »

Toujours utilisées dans un but didactique dans l’ouvrage de Karim Hammou, les anecdotes, petites histoires et interviews rythment une oeuvre dédiée à l’histoire du rap, de ses prémices à ses formes actuelles, des années 1980 à 2010. L’auteur couvre l’ensemble des enjeux liés au hip-hop, des différentes générations de rappeurs aux rôles des majors, en passant par les labels indépendants, les radios, le « rap game » ou encore la pénalisation politique du rap en France.

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