Le jeune rappeur parisien, qui fêtera ses 23 ans le 27 février, sort ce vendredi une nouvelle mixtape baptisée PiuPiu. Un projet singulier, aux ambiances sonores tant tamisées qu’intimistes, typiques de la démarche artistique de Nelick.
Nombreux sont ceux qui, parmi les fans de Nelick, notamment sur les réseaux sociaux, attendaient avec impatience « PiuPiu ». Révélé au grand public sur YouTube en 2017 par son titre Océan 2077 – qui cumule aujourd’hui près de quatre millions de vues -, le natif de Champigny-sur-Marne tend désormais vers la maturité. Et, en ce sens, PiuPiu détonne et semble demeurer un projet foncièrement abouti.
Nelick, le kiwi est désormais mûr
Au sein d’un monde artistique de plus en plus concurrentiel où chaque semaine (ou presque) voit l’éclosion précoce (plus ou moins éphémère) d’un rappeur, l’aspect singulier de la musique de Nelick fait mouche. Dans cette perspective, il est vrai que le jeune rookie, proche de Lord Esperanza, a dressé auprès de lui un monde hétéroclite depuis ses débuts en 2013 ; autour de la figure du kiwi (il surnomme ses fans ainsi), du Candy Up (à l’origine notamment d’une collab’ avec la marque londonienne DreamButDoNotSleep) ou encore autour des confiseries de « Bonbonville », au centre de son projet PiuPiu.
Cependant, nul ne peut nier que, désormais pleinement lancé dans le rap, le rendu musical de Nelick, influencé par le rap bouncy venu des États-Unis (il ne cache pas son admiration pour Tyler The Creator ou encore Kendrick Lamar) arrive à maturité ; une maturité à la fois sur le fond, dans ses textes, mais également sur la forme, par ses prods. D’ailleurs, comme dans Dieu Sauve KiwiBunny, son dernier projet (sorti en décembre 2018), les type beats ont laissé place aux prods locales et artisanales. Dès lors, il convient de s’interroger ; PiuPiu, mixtape ou véritable album ?
PiuPiu, l’acabit d’un (court) album
PiuPiu, une mixtape du propre avis de Nelick, demeure, dans les faits, ambivalente tant elle semble davantage se rapprocher d’un album par certaines caractéristiques. En effet, désormais travaillées par ses soins avec ses producteurs personnels, les prods sont maintenant pleinement accordées au style unique Nelick ; plus besoin, pour l’artiste parisien, de s’adapter, parfois de manière contre-nature, sur des type beats libres de droits.
Cependant, force est de constater que le format plutôt bref de PiuPiu (12 éléments, 10 morceaux concrets), joue en sa défaveur. De même : aucun featuring n’est présent dans ce projet, contrairement à ceux passés – avec Andy Luidje dans Dieu Sauve KiwiBunny, Lord Esperanza dans la KiwiBunnyTape etc.
Au-delà de ces aspects, PiuPiu semble se rapprocher du format d’un album parce qu’il revêt une véritable cohérence artistique. Contrairement à ses premiers projets, qui englobaient des titres plus différents les uns que les autres, une réelle continuité musicale façonne PiuPiu, relié de bout en bout par une intro non-musicale soignée (« Bienvenue », voir ci-dessus), et par une outro élégante (« Respire »). En ce sens, chaque articulation est délicatement choisie, et les titres sont d’une redoutable efficacité, teintée d’intimisme ; Nelick s’expose, narre ses défaites amoureuses (notamment dans « Émotion » ou « Distance »), son spleen chronique (« Dans le noir » par exemple) ou encore l’incertitude de son futur proche (dans « Alleluia » entre autres). Dès lors, avec cette maturité décomplexée, PiuPiu, mixtape aboutie ou court album c’est selon, sonne comme le potentiel début d’une nouvelle percée dans le rap français pour Nelick. Si ce n’est d’une ascension ?
Nelick en tournée dans toute la France pour le PiuPiu Tour en mars et avril 2020 ; à Tourcoing le 24 avril prochain.
Nicolas Tanner