BKL Review: SCH- JVLIVS II

2 ans et demi après la sortie du premier opus, l’aventure JVLIVS se poursuit pour SCH, qui vient d’en sortir le deuxième volet. Succès phénoménal en Streams, cet album aussi riche qu’original ne manque pas d’interroger ; l’occasion pour nous d’en tirer quelques conclusions. 

De manière générale, l’album se situe dans l’absolue continuité d’un projet mêlant avec brio storytelling musicalisé et mises en scène cinématographiques ; une forme de « cinéma auditif » dirons-nous. 

Pourtant, là où le tome 1 permettait surtout à ce personnage mystique et ténébreux de sortir de terre, la suite est beaucoup plus lumineuse. Non pas que l’univers du rappeur ait radicalement changé, au contraire : la pègre et la violence demeurent des incontournables de son univers artistique, et notre vieux mafieux conserve l’habituelle noirceur qui semble lui coller définitivement à la peau. Mais le « loup » évolue maintenant dans un environnement plus concret : Marseille, la Méditerranée, Gibraltar, le marché noir… (qui est d’ailleurs le titre de l’un de ses morceaux)… Les cloches siciliennes et les violons s’inclinent devant les conteneurs, les zodiacs et les mallettes de billets ; le rouge-sang et la noirceur ténébreuse devant la lumière du soleil et le bleu de la mer. 

L’occasion pour SCH de donner corps à une intrigue restée survolée dans le premier opus, et d’aborder plus en profondeur le parcours de sa création. Les interludes, narrées comme dans le premier opus, et accompagnées de deux clips publiés sur YouTube, permettent d’ailleurs d’y voir plus clair, l’occasion d’ailleurs de mentionner l’excellent dispositif communicatif qui a accompagné la sortie de l’album.

Sur un plan plus artistique, Julien Schwartzer, de son véritable nom, conserve certains indissociables de l’univers JVLIVS : une tracklist minutieusement organisée, la voix rocailleuse de Julio Luccioni (la voix française d’Al-Pacino) sur les temps non-chantés, et un mélange savamment orchestré d’autotune et de kick sur le reste. 

L’équilibre trap/cloud rap a toujours été une donne fondamentale du style musical proposé par SCH. Néanmoins l’entrée, pour JVLIVS, dans un environnement thématique plus méditerranéen permet d’initier un rapprochement avec la véritable personne du rappeur, lui-même très enclin à proposer un rap ouvertement marseillais depuis quelques mois, y compris sur le plan musical. Conséquence : JVLIVS se teinte, à quelques subtiles reprises, d’influences phocéennes : productions ouvertement méditerranéennes dans Assoces ou Corrida, ou même un featuring inédit avec Jul… Cela va sans dire, la parenthèse marseillaise du vieux mafieux n’aura qu’un temps ; et il est clair que le tome 3 de la trilogie JVLIVS replongera notre héros dans les ténèbres d’où il sortit quelques années plus tôt ; peut-être pour y mourir ?

Quoi qu’il en soit, l’aventure JVLIVS n’est pas terminée ; SCH nous propose ici une suite logique au premier opus, qui met en scène l’éphémère percée au grand jour de son mafieux fictif. L’arc narratif devient plus clair, et conserve toute la richesse qu’appelle ce mélange difficile entre création fictive et auto-analyse. La dimension cinématographique bat de l’aile, elle aussi, avec la sortie d’un court-métrage de 15 minutes. Connaissant l’appétence d’SCH pour certains classiques cinématographiques, doit-on s’attendre à la sortie prochaine d’une série ou d’un long-métrage ? 

Antoine LEBRET

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